Miriam[1],[2]Racine dite Mila, née le à Moscou[3] et morte le à Amstetten sur un chantier dépendant du camp de Mauthausen. Mila Racine est une résistante juive dont les noms d'emprunt furent Marie-Anne Richemond[4] puis Marie-Anne Racine[5],[6],[7].
Éléments biographiques
Mila est la deuxième enfant de Georges et Berthe (Bassia) Hirsch dont le patronyme francisé devient Racine. Elle a un frère aîné Emmanuel et une sœur cadette Sacha qui épousera Maurice Maidenberg, tous quatre résistants. En 1926, la famille, fuyant le régime bolchevique, s'installe à Paris. Lors de la défaite de 1940, elle se réfugie à Toulouse et s'établit peu après à Luchon[8].
En 1942, elle gagne Saint-Gervais, en Haute-Savoie, où elle dirige un groupe local du Mouvement de jeunesse sioniste (MJS) qui vient d'être créé pour venir en aide aux Juifs en danger. Elle part ensuite pour Annecy. Elle fait partie des fondateurs de la filière clandestine vers la Suisse, dont son frère Emmanuel dit « Mola », travaillant en étroite collaboration avec Georges Loinger, est l’organisateur. Après l’armistice de Cassibile signé par l’Italie avec les Alliés en , les Juifs de la zone alpine se réfugient à Nice. Mila Racine entreprend alors de conduire des convois d’enfants et d’adultes vers Annemasse pour leur faire traverser la frontière suisse.
Le , le convoi qu’elle dirige avec Roland Epstein est intercepté par les Allemands à Saint-Julien-en-Genevois, et conduit à Annemasse à la prison de l’hôtel Pax, siège de la Gestapo. Le choc de cette arrestation paralyse le travail de l'organisation pendant une longue période.
Le maire d’Annemasse, Jean Deffaugt, parvient à faire libérer quelques enfants, dont un bébé de quatorze mois. Il propose à Mila un plan d'évasion, mais elle refuse, craignant des représailles sur les enfants.
Ayant tu son identité juive, Marie Anne Racine est détenue à la prison Montluc de Lyon, puis déportée vers le camp de Ravensbrück par le convoi I.175 parti de Compiègne le 31 janvier 1944[10], avant d'être transférée à Mauthausen pour réparer les voies ferrées détruites par les bombardements alliés. Arrivée le à Amstetten, elle y meurt le 20 lors d'un bombardement[11],[7],[12].
Roland Epstein reviendra lui de déportation.
La mémoire de Mila Racine est associée à celle de Marianne Cohn, qui prit sa relève dans le convoyage des Juifs. Elle aussi connut une fin prématurée en raison de ces activités.
Distinctions
Mila Racine est récipiendaire, à titre posthume, des décorations suivantes :
Une plaque commémorative est apposée au 97 rue de Rome à Paris, où elle habita de 1936 à 1940, avec son frère Emmanuel et sa sœur Sacha, également résistants.
Son portrait et une courte biographie habillent la façade temporaire de la future Maison des Mémoires d'Annemasse, sur le lieu même de son incarcération.
La dernière partie de sa vie est abordée dans le quatrième album de bande dessinéeFemmes en résistance publié en 2016[17].
↑« Étoiles jaunes dans la France des années noires - Onze récits parallèles de jeunes rescapés » (récit VIII d'après le témoignage de Roland Epstein), par Serge Lapidus, éditions de l'Harmattan, 2000.
↑Voir, Les femmes dans la Résistance. Mila Racine, Marianne Cohn, Haviva Reik, Hannah Senesh. Cercle Bernard-Lazare-Grenoble d'après L'oubli des femmes dans l'historiographie de la Résistance
par Rita Thalmann, dossier paru dans le n°1 de Clio en 1995.
↑Citation à l'Ordre de la Division le 29 avril 1950.
↑Voir, entretien avec Emmanuel Racine sur « United States Holocaust Memorial Museum » où apparait le document original : par décret du 15 juin 1946. Vidéo enregistrée vers 2005.
↑Voir, l'Unité, semaine religieuse israélite, Lyon, 26 juillet 1946, p. 38, par décret en date du 16 juin 1946 article 87 du ministère de l'intérieur paru au J.O. du 11 juillet 1946.