Fils de Roman Joffo, coiffeur né le 15 mai 1890[3] à Biechewkovici (Russie) et mort en déportation au camp d'Auschwitz, et de la violoniste Anna Markoff, Joseph Joffo passe son enfance dans le 18e arrondissement de Paris. Il est scolarisé avec son frère Maurice à l'école élémentaire de la rue Ferdinand-Flocon, enfance qu'il décrit dans son roman Agates et Calots paru en 1995. Quand surviennent la guerre et l'occupation allemande, la famille Joffo est persécutée en tant que juive. La fuite des deux frères Joseph et Maurice Joffo vers la zone libre est racontée dans le roman Un sac de billes où il relate notamment ses séjours à Nice et Rumilly. Il traverse la ligne de démarcation à Hagetmau (Landes) aidé par un jeune du village. À la fin de la guerre, Joseph Joffo retrouve à Paris sa mère et ses trois frères. Son père est déporté à Auschwitz[3] par le convoi n° 62 du 20 novembre 1943. Sa vie dans l'après-guerre et sa découverte des valeurs américaines sont racontées dans le roman Baby-foot paru en 1977. Le garçon arrête ses études à l'âge de 14 ans avec le certificat d'études en poche et reprend avec ses frères le salon de coiffure de sa famille.
Joseph Joffo se met à l'écriture en 1973 en racontant ses souvenirs d'enfance dans son premier roman, Un sac de billes. Le roman est d'abord refusé par quatre éditeurs[5] avant d'être accepté par les Éditions Jean-Claude Lattès. Le manuscrit est toutefois remanié avant sa parution par Claude Klotz (l'écrivain Patrick Cauvin), dont le nom n'apparaît pas sur la couverture, bien qu'il soit remercié en début d'ouvrage. Joffo a décrit sa relation de travail avec Claude Klotz dans les termes suivants : « J'ai retravaillé le texte d'Un sac de billes avec Claude Klotz, alias Patrick Cauvin. J'avais tout raconté au passé. Il m'a appris le présent historique »[6]. L'auteur admet lui-même ses lacunes littéraires à ses débuts comme il l'explique dans une tribune au Figaro : « J'avais un style ampoulé, dans le style des actualités Paramount. Je manquais de recul »[6]. Joffo recourt à des prête-plumes, chargés de réécrire ses romans, parmi lesquels Guy Benhamou[7]. Dans un article du Monde, l'un de ses anciens prête-plumes raconte que Joseph Joffo « écrivait tout lui-même sur de grands cahiers à spirale à petits carreaux sans laisser aucune marge, 150 pages bien serrées, bourrées de fautes », avant de les donner à remanier[8].
Le roman est couronné par l'Académie française en 1974. L'année suivante, Joseph Joffo est fait citoyen d'honneur de la ville de Rumilly, en mémoire de son passage dans cette ville de Haute-Savoie pendant la guerre. Le roman connaît un grand succès et fait l'objet d'adaptations régulières (cinéma, théâtre amateur, bandes dessinées, enregistrements audio) et de multiples rééditions au format papier ou numérique. Il existe des traductions dans une vingtaine de langues dont une édition chinoise parue en 2012. À ce jour, le livre s'est vendu à plus de vingt millions d'exemplaires, toutes éditions confondues. Le roman, en outre, est fréquemment intégré au programme scolaire de certains élèves européens qui étudient l'histoire de la Shoah.
Autres romans
D'autres romans témoignages suivent comme Anna et son orchestre (1975) (pour lequel il reçoit le Prix RTL grand public), où il relate la jeunesse de sa mère et son voyage de la Russie tsariste à Paris, Baby-foot (1977), ainsi que La Jeune fille au pair (1984) qui retrace l'arrivée d'une jeune fille au pair allemande juste après la guerre dans une famille juive.
Affaire Maurice Joffo
En 1985, son frère Maurice est arrêté : c'est l'un des plus grands receleurs de bijoux volés de Paris. L'instruction est confiée à Jean-Louis Debré. Pour disculper son frère, Joseph Joffo déclare : « C'est la faute à notre enfance juive et traquée durant l'Occupation. Mon frère avait besoin d'entasser, de garder. Cela le sécurisait, probablement »[9]. Maurice Joffo est condamné à 5 ans de prison et à 7 millions de francs de dommages et intérêts. Maurice Joffo est l'auteur d'un livre autobiographique intitulé Pour quelques billes de plus?, paru chez Jacques Grancher en 1990.
Dernières années
En 2015, il reçoit la Plume d'or 2016 de la Société des auteurs savoyards[10]. Dans son dernier film en tant qu'acteur, Joseph Joffo interprète le rôle de Kolb, dans L'Origine de la violence d'Élie Chouraqui, diffusé en mai 2016. Les dernières années de sa vie, Joseph Joffo partage son temps entre Épeigné-sur-Dême en Indre-et-Loire[11], Paris et Cannes[12].
2009 : Bashert, Elytel Éditions (vendu avec un CD audio comprenant le texte intégral lu par l'auteur)
Romans
1973 : Un sac de billes, Éditions Jean-Claude Lattès ; nombreuses rééditions, parution en Livre de Poche. Il existe une édition de luxe parue en 1975 (Manoir du Mad), limitée à 270 exemplaires et illustrée par Lucien Ph. Moretti.
1975 : Anna et son orchestre, Éditions Jean-Claude Lattès, inspiré de l'histoire de sa mère née en 1890
1977 : Baby-foot, Éditions Jean-Claude Lattès - suite de son premier livre Un sac de billes racontant son adolescence dans l'après-guerre
1977 : La Vieille Dame de Djerba, Éditions Jean-Claude Lattès
1979 : Tendre Été, Éditions Jean-Claude Lattès
1981 : Simon et l'enfant, Éditions Jean-Claude Lattès
1993 : Un curé pas comme les autres, Éditions Jean-Claude Lattès
1995 : Je reviendrai à Göttingen, Éditions Jean-Claude Lattès
1995 : Agates et Calots, Éditions Ramsay, narrant sa vie d'enfant avant la guerre
1995 : Un enfant trop curieux, Éditions Ramsay
1999 : Andreï ou le hussard de l’espérance, Éditions Ramsay
2001 : Les Aventuriers des nouveaux mondes, Éditions du Rocher - suite de Le Cavalier de la terre promise
2002 : La Guerre à l'italienne, Éditions du Rocher - suite de Les Aventuriers des nouveaux mondes
2005 : Le Partage, Éditions du Rocher
Autres
1991 : Collectif : Joseph Joffo, Suzanne Prou et Mary Webb, Au bonheur des dames, étude sur le livre d'Émile Zola, 1. étude du roman ; 2. le commerce dans la 2e partie du XIXe siècle, Éditions Hatier
↑« Monsieur Joffo trahi par “Le Grand Maurice”. Un trésor de 50 millions de francs exposé au quai des Orfèvres. C'est le magot du plus grand receleur du siècle », Jean Cau, Paris Match n° 1868, 15 mars 1985, pages 82 et 83.