« Née dans une famille juive d'origine alsacienne et descendante de l'ingénieur Maurice Lévy, Hélène Berr préparait l'agrégation d'anglais. Dans son journal truffé de citations de Shakespeare ou de Lewis Carroll, la guerre n'est d'abord qu'un mauvais rêve[1]. »
Hélène Maxime Camille Berr naît le dans le 4e arrondissement de Paris[3], elle est la fille de Raymond Berr (1888-1944), polytechnicien (X 1907), ingénieur du corps des Mines, vice-président de l'entreprise Kuhlmann (qui fusionnera plus tard avec Péchiney), déporté par le même convoi qu'elle, le , le « convoi no 70 »[4], et d'Antoinette Rodrigues-Ély (1891-1944), également déportée dans ce convoi[5].
Un matin, trop malade pour pouvoir se lever à l'heure de l'appel, elle est battue à mort par une gardienne, quelques jours avant la libération du camp par les troupes britanniques, le [10].
Hommage
En mars 2008, l'éditeur du journal, Antoine Sabbagh, écrit à Christophe Girard, adjoint à la culture de la mairie de Paris pour lui suggérer que la ville honore la mémoire d'Hélène Berr. Après vote du Conseil de Paris, en mars 2009 , le nom d'Hélène Berr est donné à la bibliothèque Picpus qui devient la médiathèque Hélène Berr. Le nom d'Hélène Berr est également donné à un amphithéâtre de l'université Paris-Sorbonne (site de Clignancourt).
Une plaque est dévoilée le sur l'immeuble du 5 avenue Élisée-Reclus dans le 7e arrondissement de Paris où résidait la famille Berr et où elle est arrêtée en [8].
Ce journal commence le , après une visite chez Paul Valéry. Il s’achève à Drancy le . Les derniers mots, « Horror ! Horror ! Horror ! »[12], font écho à la pièce de Shakespeare, Macbeth, où Macduff s'exclame de façon similaire « O horror, horror, horror ! ». Mais cette dernière phrase rappelle aussi fortement le « The horror ! The horror ! » de Kurtz, à la fin du roman Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad[13] (l’une des nombreuses lectures d’Hélène Berr[14]). Par ailleurs, Hélène Berr cite souvent le poète romantique anglais John Keats, dont elle a étudié l'œuvre.
Le Journal est constitué de 262 feuillets volants, « couverts à l'encre bleue ou noire et au crayon d'une fine écriture qui se fait de plus en plus hâtive au fil des pages »[1]. Sa publication résulte de la volonté de Mariette Job, la nièce d’Hélène Berr et ancienne libraire, qui, connaissant ce texte par des copies circulant dans sa famille, a retrouvé le manuscrit original : selon le vœu d’Hélène, il avait été remis après la guerre à Jean Morawiecki (d), son fiancé et futur diplomate, et était resté entre ses mains. Ce dernier a institué Mariette Job légataire du journal.
Le manuscrit du journal est déposé en 2002 au Mémorial de la Shoah. Il est publié pour la première fois en , avec une préface du romancier Patrick Modiano.
Publications
Journal, d'Hélène Berr, préface de Patrick Modiano, suivi de Hélène Berr, une vie confisquée, par Mariette Job. Éditions Tallandier, . (ISBN978-2-84734-500-1). Réédité en format de poche aux éditions Points, en (également disponible en « édition scolaire », adaptation d'Antoine Sabbagh).
À partir de cette publication, sont réalisées :
Version audio : adaptation d'Antoine Sabbagh du Journal lu par Elsa Zylberstein, éditions Audiolib, (2 CD audio, durée 2 h 30). (ISBN978-2-35641-036-8)
Adaptation cinématographique réalisée par Jérôme Prieur, Hélène Berr, une jeune fille dans Paris occupé, film documentaire, 90 min, diffusé pour la première fois sur France 2 mardi 10/12/2013 à 22:20 et édité en DVD par Mélisande productions. Prix du meilleur documentaire décerné par l'Association française des critiques de cinéma et de télévision, 2014[15]
Mariette Job et Karine Baranès Bénichou, Se souvenir d'Hélène Berr - Une célébration collective, Fayard, 2021. (ISBN9782213718446)
Hélène Berr et Odile Neuburger, Correspondance, 1934-1944, Tallandier, , 443 p. (ISBN102104945X)[16].
Mariette Job, Dans les pas d'Hélène Berr, Le Bord de l'eau, 2023. (ISBN9782356878779).
↑« L'horreur ! L'horreur ! L'horreur ! » Shakespeare, Macbeth, acte II scène 3 vers 62 p. 364 en Pléiade. cf. la scène sur Wikisource en français et en anglais
↑Conrad, Au cœur des ténèbres, p. 318 en Folio Bilingue
↑« Les Lectures d'Hélène Berr », annexe au Journal p. 295 de l’édition Tallandier
↑[compte rendu] Natalie Levisalles, « Hélène Berr, les amies retrouvées », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
Pour approfondir
Bibliographie
José Luis Arráez, « Journal de Hélène Berr: del diario externo al diario interno » in Arráez, José Luis y Amelia Peral (eds), Memoria de la Shoá: Literatura y Testimonio, Madrid, Sefarad Editores, pp. 17-50.