Attentats contre des synagogues de Paris en octobre 1941
Les attentats contre des synagogues de Paris en ont lieu à Paris sous l'occupation allemande dans la nuit du au , lorsque six synagogues de la ville sont endommagées par l'explosion d'engins placés devant leur porte entre 2 h 5 et 4 h 5. Les auteurs sont identifiés mais ne sont pas arrêtés.
Historique
Dans la nuit du au , des engins explosifs sont placés devant six synagogues de Paris et causent des dommages[1],[2],[3],[4].
À Copernic, il y a destruction partielle de l'édifice (le jambage de la fenêtre ainsi que son appui sont en partie détruits, les fenêtres sont arrachées[11]) que la communauté reconstruit dès . Hélène Berr, dans son journal, en date du , note[12] :
« Après avoir erré tout l'après-midi (boulevard Saint-Germain, à la Sorbonne, cité Condorcet), je suis allée au Temple pour Rosch-Haschana. Le service était célébré à l'oratoire et salle des Mariages, le Temple ayant été détruit par les doriotistes. C'était lamentable. Pas un jeune. Rien que des vieux, le seul représentant de l' « autrefois », c'était Mme Baur[b]. »
« Le Mouvement Social Révolutionnaire (MSR) d'Eugène Deloncle, ancien chef de la Cagoule, recruta aussi quelques milliers d'adhérents et fut connu surtout pour son rôle d'exécutant pour le compte de la Sipo-SD dans les attentats qui visèrent les synagogues parisiennes dans la nuit du au . Deloncle perdit néanmoins le soutien de ses protecteurs et fut exécuté par la Gestapo en . »
« Après la défaite et la création du régime de Vichy, une majorité d'anciens « cagoulards » se retrouva engagée dans la collaboration, souvent au sein du Mouvement Social Révolutionnaire — le MSR — créé par Eugène Deloncle à l'automne . Ce groupuscule, un temps intégré au Rassemblement national populaire de Marcel Déat, cessa à peu près d'exister en . C'est à ces groupes que « l'on doit sans doute, entre autres méfaits, les attentats contre les synagogues de Paris et l'assassinat de l'ancien ministre socialiste Marx Dormoy ». »
Hans Sommer le responsable de l'AMT VI (le service de contre espionnage et de renseignement allemand) chargé d'intervenir en France, en , prend contact avec Eugène Deloncle, chef du MSR. Il fournit les moyens matériels aux hommes de Deloncle pour réaliser les attentats contre les synagogues parisiennes[17],[4],[16].
La plus célèbre des synagogues endommagées l'autre nuit par une bande de terroristes organisés est sans contredit la « grande synagogue » de la rue de la Victoire, située entre l'Opéra et le carrefour Châteaudun, juste à côté de l'immeuble de « l'Illustration ». C'était en même temps qu'un temple consacré au culte, le siège du grand consistoire israélite qui réunit, sous l'autorité du grand rabbinWeill, tous les ministres du culte israélite français.
Construite vers le milieu du XIXe siècle dans le style romano-byzantin par l'architecteBaltard, auteur des plans de la bibliothèque nationale et des halles centrales, la grande synagogue était le temple de l'aristocratie juive française et ses chants hébraïques y attiraient de très nombreux fidèles.
Enfin, celle de la rue des Tournelles, une des plus vieilles synagogues de Parisavec celle de la rue Pavée sortie seule indemne des bombes terroristes, était uniquement fréquentée par les Juifs du ghetto parisien dont les caftans orientaux et les lévites polonaises teintaient d'exotisme ce vieux quartier de Paris où la rue du Rosier avec ses épiceries sordides et ses boucheries aux inscriptions rituelles composait un spectacle connu du monde entier. Les trois autres synagogues atteintes par les bombes ne se distinguent par aucune particularité historique.
Depuis dernier, c'est la troisième fois qu'on enregistre de pareils attentats. Le premier se produisit à Marseille vers la mi-juillet. Le second à Vichy le dernier. Il est à noter que le troisième attentat contre les temples Israélites s'est déroulé dans la nuit qui suivit la fête juive du « Yon Kipour » [sic] (la fête du Grand Pardon). »
« La généralité du public parisien n'aimait pas les Juifs, mais elle les tolérait. Les commerçants, surtout, souhaitaient être débarrassés des Israélites parce que ceux-ci leur faisaient une grande concurrence. En fait, les sévères mesures prises contre les Juifs par les Autorités allemandes et le gouvernement français n'ont pas soulevé de protestations dans la masse de la population mais beaucoup de gens trouvent excessif l'antisémitisme violent de la presse parisienne, laquelle dépasse, en effet, et de beaucoup, leur antipathie envers les Juifs. L'opinion de beaucoup de gens — particulièrement celle des milieux catholiques — est que les adversaires des Juifs généralisent trop et qu'à déchaîner un tel antisémitisme, on provoquera bientôt de regrettables excès. Ainsi, l'annonce des attentats commis hier contre les synagogues [Ndla : le 3 octobre 1941, des groupes d'extrême droite s'étaient attaqués à plusieurs synagogues de Paris, dont celle de la rue Vivienne] n'a-t-elle causé dans le public ni surprise ni émoi. “Cela devait Arriver”, entend-on dire avec une certaine pointe d'indifférence. »
↑ a et b(en) Annette Finley-Croswhite et Gayle K. Brunelle, « Lighting the Fuse : Terrorism as Violent Political Discourse in Interwar France », dans Chris Millington (dir.) et Kevin Passmore (dir.), Political Violence and Democracy in Western Europe, –, Houndmills, Basingstoke, Hampshire, Palgrave Macmillan, , 208 p. (ISBN978-1-137-51594-0, 978-1-137-51595-7 et 978-1-349-56920-5, DOI10.1057/9781137515957_9), p. 144–159 : « On 2-3 October 1941, Deloncle and his men bombed seven synagogues with explosives supplied by the Germans — using terrorism once again to send another message to France, this one tied to their vehement antisemitism. » [lire en ligne]. Ce passage est assorti d'une note 36 [lire en ligne] qui cite le travail non publié mais en cours des deux autrices : « Betrayal: Bombing Synagogues on the Streets of Paris: Igniting the French Holocaust/Shoah ».
↑« La synagogue », sur sauvegardecopernic.org, Association pour la protection du patrimoine de Copernic, § « L'attentat du » : contient deux photos de la synagogue de la rue Copernic après l'attentat.
↑Sylvie Bernay, L'Église de France face à la persécution des Juifs, – (texte remanié d'une thèse de doctorat en histoire contemporaine, Paris-I, , NNT 2010PA010575), Paris, CNRS Éditions, coll. « Seconde Guerre mondiale », , 527 p. (ISBN978-2-271-07153-8 et 978-2-271-07467-6), p. 260 [lire en ligne].
Voir aussi
Bibliographie
Roger Berc, « Les attentats contre les Synagogues en : Comment et par qui ils furent perpétrés », Le Monde juif, no 1, , p. 7–9 (lire en ligne).
(en) Annette Finley-Croswhite et Gayle K. Brunelle, « Creating a Holocaust Landscape on the Streets of Paris : French Agency and the Synagogue Bombings of October 3, 1941 », Holocaust and Genocide Studies, vol. 33, no 1, , p. 60–89 (DOI10.1093/hgs/dcz009, lire en ligne).