En 1931, il est diplômé de l'« École indigène »[7],[8], un type d'écoles coloniales françaises enseignant la langue française et les rudiments de l'éducation française à certains indigènes en Algérie française[9],[10] et en Nouvelle-Calédonie[11].
Son père est tailleur. À ses 17 ans, en 1934, il quitte le domicile familial après une dispute avec son père[12] pour se rendre à Marseille, puis en Moselle, où il trouve un emploi. En 1936, il publie dans L'Écho d'Alger une déclaration en soutien à Jacques Duroux, sénateur socialiste de l'Algérie et propriétaire du journal, qui s'était engagé à soutenir la représentation des indigènes algériens au Parlement[13], il le remercie de ses efforts pour les « musulmans français »[14].
Là, il délivre des faux certificats[19] pour les réfractaires ; il aide des Juifs à préparer leur évasion[20] et leur clandestinité et alerte les autres résistants qu'il sait surveillés[12],[21]. Dans ce cadre là, il est en contact avec Georges Durand, surnommé « Doris » ou « Dubreuil », l'un des responsables de Combat et des maquis du Grésivaudan[22], déporté plus tard à Buchenwald, qui cache notamment les jeunes réfractaires dans des fermes[23].
Par ailleurs, il vient en aide aux enfants juifs de Saint-Fons et Vénissieux[21]. Il est probable qu'il se soit coordonné avec Bel Hadj El Maafi, l'un des responsables de la résistance algérienne de Lyon, aussi connu pour être intervenu à Saint-Fons en faveur de la communauté juive[24].
Dénoncé, il est arrêté le [12] à Lyon. Lors de son arrestation, son commerce lyonnais est pillé[15].
Il revient en France le [25] mais son passage dans les camps de concentration le rend invalide à 100 pour cent[26]. Il refuse de prendre la parole sur son passage dans la Résistance, préférant conserver cela pour lui sans en parler[20].
Après la guerre, Djaafar Khemdoudi voit son œuvre dans la Résistance être reconnue par les autorités françaises ; ainsi, Georges Durand, surnommé « Doris » dans la Résistance[27], témoigne le qu'il a été infiltré auprès des autorités allemandes sous ordres de la Résistance, que son commerce a été pillé lors de son arrestation, qu'il a obtenu le grade de sous-lieutenant pour ses actions et que « grâce à son incessante activité et son grand patriotisme, un très grand nombre de travailleurs ont été sauvés par l'Armée secrète »[15].
« a empêché le départ en Allemagne d’un très grand nombre de personnes “nord-africaines”, “européennes” et “israélites" sur ma recommandation et chaque fois que je suis allé le voir, pour n'importe quoi, Monsieur Khemdoudi m'a toujours été dévoué ainsi qu'à tous ses compatriotes. »
Le , le capitaine Pierre Marche-Lacour, résistant, certifie qu'il a bien participé à la Résistance, et qu'il a été déporté pour son activité[17]. Enfin, le , il reçoit son certificat de résistant de la part du lieutenant-colonel Jacques Le Belin de Dionne, résistant[16]. Il est homologué résistant avec la côte GR 16 P 319554[29]. Djaafar Khemdoudi reçoit la Légion d'Honneur, dont il est officier ainsi que la médaille militaire et la médaille de la Résistance[21].
Comme d'autres résistants, principalement d'origine étrangère, il est oublié après la guerre[32]. L'auteur Kamel Mouellef contribue à la mémoire de Djaafar Khemdoudi en publiant des ouvrages à son sujet[21],[25]. Une plaque en son honneur est apposée dans son ancienne cellule, dans la prison Montluc[20], mais cela provoque une polémique au sein de l'Association des Résistants de Montluc (ARM), pour qui ses origines algériennes posent problème[33].
En , il figure dans l'exposition « Ces résistants oubliés » à Saint-Chamond[34],[35]. Les Archives Arolsen, spécialisées dans les persécutions nazies et la Shoah, confirment qu'il a sauvé de nombreux Juifs et réfractaires au STO[19],[20].
↑Claude Bisquerra, « Les « écoles indigènes » en Algérie à la fin du XIXe siècle : l’expérience de maîtres français et indigènes dans le sud-est algérien au cours des années 1895-1897 », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, no 27, (ISSN0992-7654, DOI10.4000/dhfles.2613, lire en ligne, consulté le )
↑Raoul Lucas, « Salaün Marie. L’école indigène. Nouvelle-Calédonie, 1885-1945 », Revue française de pédagogie. Recherches en éducation, no 161, , p. 140–142 (ISSN0556-7807, DOI10.4000/rfp.895, lire en ligne, consulté le )
↑Julien Guillon, « Dessiner le territoire de la Résistance : Essai sur la dissidence en Isère (1934-1944) », Université Jean Monnet - Saint-Étienne, Université Jean Monnet - Saint-Étienne, , p. 209 (lire en ligne, consulté le )
↑« m_chappays », sur sf.38340.free.fr (consulté le ).
↑Marc André, « Commémorer et réprimer », dans Une prison pour mémoire : Montluc, de 1944 à nos jours, ENS Éditions, coll. « Sociétés, Espaces, Temps », (ISBN979-10-362-0575-0, lire en ligne), p. 31–82
↑Marc André, « Un patrimoine palimpseste », dans Une prison pour mémoire : Montluc, de 1944 à nos jours, ENS Éditions, coll. « Sociétés, Espaces, Temps », (ISBN979-10-362-0575-0, lire en ligne), p. 461–498